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Création de Quadriga

Quadriga a été lancée en décembre 2013. Selon M. Cotten, son fondateur et PDG de 25 ans, la société répondait à un besoin dans l’espace de la cryptomonnaie en plein essor du Canada : les Canadiens voulaient acheter des bitcoins, mais ce n’était pas facile à faire. Fin 2013, juste avant le lancement de Quadriga, le Bitcoin a connu sa première période de croissance, atteignant des valeurs bien supérieures à 1 000 dollars, contre moins de 100 dollars au début de l’année. Quadriga se présentait comme une plateforme permettant aux Canadiens d’accéder à des bitcoins et à d’autres actifs en cryptomonnaie. Au départ, les clients de Quadriga pouvaient financer leurs comptes uniquement avec des dollars canadiens ou des bitcoins, puis échanger leurs actifs contre ceux d’autres clients de Quadriga. La plateforme permettait à ses clients d’effectuer des dépôts et des retraits en dollars canadiens, facilitant ainsi l’investissement des clients du Canada dans les bitcoins.

Financement des comptes et QuadrigaCX Bucks

Les clients pouvaient transférer de la monnaie fiduciaire à Quadriga par divers moyens. Ces moyens ont évolué au fil du temps, à mesure que les systèmes de gestion des monnaies fiduciaires de Quadriga ont évolué, et comprenaient Interac en ligne, les paiements en personne, les virements bancaires et l’argent liquide. Les clients pouvaient transférer des actifs en cryptomonnaie à Quadriga à l’aide d’une adresse de portefeuille unique. Nous estimons que Quadriga contrôlait plus de 200 000 adresses bitcoin à elle seule, et d’autres adresses pour d’autres cryptoactifs comme l’Ether.

Les modalités de Quadriga stipulaient que, lorsqu’un client déposait de la monnaie fiduciaire, il achetait des « QuadrigaCX Bucks ». Un message de Quadriga sur Reddit expliquait que Quadriga utilisait des QuadrigaCX Bucks pour ne pas être considérée comme une « institution de dépôt ». La plupart des clients à qui nous avons parlé n’étaient pas au courant des QuadrigaCX Bucks. Les tableaux de bord de leur compte indiquaient leurs actifs en monnaie fiduciaire (en CAD ou en USD).

Quadriga a tiré ses revenus des frais facturés aux acheteurs et aux vendeurs sur la plateforme d’échanges. Les frais, qui variaient de 0,2 % à 0,5 % de la valeur de chaque transaction, étaient déduits du produit des transactions des clients. Dans la plupart des cas, des frais ont également été facturés aux clients pour leurs dépôts ou leurs retraits.

Durant la première année d’activité de Quadriga, sa clientèle n’a fait que croître, malgré une chute des prix des bitcoins bien en dessous de ceux de fin 2013. À la fin de 2014, les actifs des comptes clients de Quadriga s’élevaient à environ 3 600 bitcoins, de dollars canadiens et 400 000 dollars américains.

Note de bas de page 2

Tous les nombres représentés en millions dans le présent rapport sont arrondis au million le plus proche.

Les administrateurs de Quadriga

« Gerry était le gardien.Tout devait passer par lui. »

Les administrateurs de Quadriga

En 2013, M. Cotten, alors récemment diplômé d’une école de commerce, a créé la société Quadriga en Colombie-Britannique et s’est nommé son unique administrateur. La documentation de Quadriga décrivait M. Cotten comme « un nouvel arrivant dans ce domaine », qui avait été « impliqué dans le soi-disant espace de paiement de rechange depuis 11 ans ». Fin 2014, M. Cotten a quitté la Colombie-Britannique pour revenir en Ontario et, à la mi-2016, il a déménagé en Nouvelle-Écosse avec Mme Robertson, sa future épouse. M. Cotten dirigeait l’entreprise depuis l’endroit où il se trouvait, qu’il soit chez lui ou en déplacement.

M. Cotten a cofondé Quadriga avec M. Patryn, qui était impliqué dans Quadriga dès son lancement en 2013, jusqu’en 2016. En 2005, M. Patryn avait été condamné aux États-Unis pour conspiration de transfert de documents d’identité relativement à un service de blanchiment d’argent en ligne sous son ancien nom, à savoir Omar Dhanani.

Après le départ de M. Patryn de Quadriga en 2016, M. Cotten a dirigé Quadriga seul et a conservé le contrôle total des actifs de la société (monnaies fiduciaires et cryptomonnaies). Il a présidé une équipe de sous-traitants, qui ont tous travaillé à distance sur des tâches comprenant la maintenance des aspects techniques de la plateforme, la vérification des identifiants de compte et la réponse aux demandes des clients. Leurs responsabilités étaient cloisonnées – M. Cotten était la seule personne à contrôler les opérations de Quadriga. Comme l’a dit un sous-traitant de Quadriga : « Gerry était le gardien. Tout devait passer par lui. »

Clients de Quadriga

« Il ne m’était jamais venu à l’esprit qu’une telle chose puisse se produire au Canada. »

Plus de 95 % des clients de Quadriga dont le pays de résidence a pu être déterminé étaient canadiens. Au début, la clientèle active de Quadriga a connu une croissance relativement lente, mais, entre 2016 et 2017, elle a augmenté de près de 2 000 %. La grande majorité des clients ont déposé des dollars canadiens ou des bitcoins pour négocier sur la plateforme et la majorité des transactions se sont faites entre ces deux actifs.

Les clients de Quadriga avaient différents degrés d’expérience et de connaissances en matière de cryptomonnaie. Les clients les plus actifs ont effectué des milliers de transactions s’élevant à des centaines de millions de dollars. Certains clients étaient des négociants de cryptomonnaies sophistiqués qui employaient des stratégies complexes d’arbitrage au moyen de robots automatisés capables d’analyser l’activité du marché et de négocier plus rapidement qu’un être humain. D’autres avaient simplement entendu parler des profits que leurs amis avaient réalisés grâce à la hausse des prix des cryptoactifs et ne voulaient pas manquer cette occasion. Certains clients de Quadriga étaient si peu familiers avec le marché des cryptoactifs qu’ils comptaient sur Quadriga pour répondre à des questions de base sur ces cryptoactifs et leur négociation. Certains clients ont transféré des cryptoactifs à la plateforme pour les échanger contre différentes devises de monnaie fiduciaire.

En parlant avec les clients de Quadriga et en analysant leurs transactions sur la plateforme, nous avons observé que certains clients entraient en contact avec Quadriga dans une perspective de confiance et pensaient qu’il y avait des garanties en place similaires à celles applicables aux institutions financières réglementées. À titre d’exemple, un client de Quadriga qui n’avait pas pu retirer environ 40 000 dollars de la plateforme en décembre 2018 a expliqué que, pendant qu’il utilisait Quadriga, il pensait que cet argent était contrôlé, protégé et garanti par le gouvernement. Il ne pensait pas que, si la plateforme rencontrait des difficultés, il pourrait perdre tout son argent. Certains clients estimaient que Quadriga était digne de confiance en partie parce qu’il s’agissait d’une société canadienne. Une personne dont les tentatives de retrait d’environ 200 000 dollars de son compte sur la plateforme ont échoué a déclaré : « Il ne m’était jamais venu à l’esprit qu’une telle chose puisse se produire au Canada », tandis qu’une autre a expliqué : « Comme il s’agit d’une société canadienne et comme je suis Canadien, je me suis senti à l’aise ». Les clients ont peut-être aussi pensé que le fait d’utiliser la technologie des chaînes de blocs rendait les plateformes plus transparentes et, donc, plus sécuritaires.

Le comportement des clients sur la plateforme témoigne également de leur confiance en Quadriga. Si certains clients retiraient leurs actifs de la plateforme peu après avoir effectué une transaction, environ 68 % des clients actifs conservaient des actifs sur la plateforme pendant plus de 30 jours, et 53 %, pendant au moins 90 jours. Cela suggère que de nombreux clients pensaient que leurs actifs sur la plateforme étaient en sécurité et qu’ils pouvaient les retirer lorsqu’ils étaient prêts.