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Quadriga croît avec la hausse du cours du Bitcoin

L’ascension de Quadriga pour devenir la plus grande plateforme de négociation d’actifs en cryptomonnaie au Canada était alimentée par la hausse des prix des actifs en cryptomonnaie. Tout au long des années 2015 et 2016, le cours du Bitcoin augmentait progressivement et Quadriga connaissait une croissance constante de sa clientèle active et de son volume de transactions.

Quadriga abandonne un effort de cotation en bourse et M. Cotten devient le seul dirigeant de Quadriga

En 2015, M. Cotten et M. Patryn avaient pris des mesures pour rendre Quadriga public et faire coter ses actions en bourse. À cette époque, la société opérait de Vancouver sous la direction de M. Cotten et, dans une moindre mesure, de M. Patryn. En fin de compte, la cotation en bourse n’a pas eu lieu. M. Cotten estimait que le volume de travail était lourd. Il a donc abandonné le processus de cotation en bourse au début de 2016. À la suite de l’abandon du premier appel public à l’épargne, M. Patryn, le directeur financier, le conseiller juridique et les comptables ont quitté la société.

À la suite de l’abandon du premier appel public à l’épargne, M. Patryn, le directeur financier, le conseiller juridique et les comptables ont quitté la société.

À compter de cette date, M. Cotten a été le seul dirigeant de Quadriga. Il était incontestablement l’esprit directeur de Quadriga, contrôlant et supervisant l’exploitation de Quadriga. M. Cotten est allé jusqu’à dire aux nouveaux sous-traitants de Quadriga que M. Patryn n’était pas une personne réelle et que l’existence de M. Patryn et les histoires le concernant en ligne avaient été inventées par un concurrent de Quadriga pour jeter le discrédit sur la plateforme.

M. Cotten intensifie son exposition au risque avec son compte au nom de Chris Markay

M. Cotten achète des bitcoins en tant que Chris Markay (de décembre 2015 à novembre 2016)

En partie 1 ci-dessus, nous avons examiné les transactions effectuées avec de faux actifs que M. Cotten avait complétées sur le compte de Chris Markay. Entre décembre 2015 et février 2016, M. Cotten a principalement utilisé le compte pour acheter de vrais bitcoins à des clients de la plateforme avec de faux dollars canadiens. Fin février 2016, M. Cotten s’était crédité d’environ 1 million de faux dollars et les avait utilisés pour acheter environ 1 700 vrais bitcoins à des clients. Comme expliqué précédemment, cela a exposé le compte de Chris Markay (et, à terme, les clients de Quadriga) à un risque de perte si le cours du Bitcoin baissait.

Le cours du Bitcoin est resté relativement stable entre décembre 2015 et février 2016, se situant en moyenne entre 500 et 600 dollars. Par conséquent, le compte de Chris Markay n’a généré aucun profit ni aucune perte non réalisé d’importance sur ces positions pendant cette période. Cependant, à la fin de février 2016, ces positions en compte restaient « ouvertes », ce qui signifie que M. Cotten n’avait pas vendu les 1 700 bitcoins qu’il avait achetés. Vendre les bitcoins contre des dollars canadiens aurait permis de fermer ses positions en compte par rapport aux transactions initiales avec les faux actifs. Cette position ouverte de 1 700 bitcoins était exposée au risque d’une baisse de la valeur du Bitcoin.

Conséquences des positions ouvertes de M. Cotten

Les positions ouvertes dans les comptes de M. Cotten représentaient l’exposition au risque de la plateforme. Elles sont restées ainsi jusqu’à ce que M. Cotten réalise une transaction opposée (par exemple, en vendant pour de l’argent réel les 1 700 bitcoins qu’il avait achetés avec de la fausse monnaie). Tant que ses positions restaient ouvertes, M. Cotten (et, donc, les clients) demeurait exposé au risque de pertes résultant des fluctuations du prix des actifs en cryptomonnaie.

M. Cotten a constamment augmenté son exposition au risque sur la plateforme en intensifiant ses positions ouvertes, augmentant ainsi le risque pour les clients de la plateforme en cas de fluctuations importantes du prix des actifs en cryptomonnaie.

Cela revenait à parier que le prix de l’Ether allait augmenter – ce qui était conforme à l’opinion exprimée à l’époque par M. Cotten, selon laquelle l’Ether représentait « l’avenir ».

Virage vers l’Ether (à partir de mars 2016)

En mars 2016, Quadriga a commencé à accepter une nouvelle cryptomonnaie, l’Ether. Comme il l’avait fait avec le Bitcoin, M. Cotten a commencé à acheter de l’Ether réel à des clients en utilisant de faux dollars canadiens par l’entremise du compte de Chris Markay. À la fin novembre 2016, M. Cotten avait une position en compte ouverte d’environ 370 000 ethers. (En d’autres termes, il avait utilisé de faux fonds pour acheter 370 000 ethers). Cela revenait à parier que le prix de l’Ether allait augmenter – ce qui était conforme à l’opinion exprimée à l’époque par M. Cotten, selon laquelle l’Ether représentait « l’avenir ».

Risque de hausse du cours du Bitcoin (juin à novembre 2016)

Entre mars et mai 2016, M. Cotten a fermé sa position en compte ouverte en bitcoins en vendant ses 1 700 vrais bitcoins à d’autres clients en échange de monnaie fiduciaire et d’ethers. À partir de juin 2016, M. Cotten a commencé à ouvrir de nouvelles positions en bitcoins, mais, cette fois, à l’inverse : en vendant de faux bitcoins à des clients de la plateforme en échange de vrais dollars canadiens. Alors que, auparavant, M. Cotten (et, en fin de compte, les clients de la plateforme) perdait si le cours du Bitcoin baissait, il était dorénavant perdant si le cours du Bitcoin augmentait. Fin novembre 2016, M. Cotten avait vendu 3 800 faux bitcoins, établissant ainsi ce qui était en fait une importante position à découvert ouverte en bitcoins – et un risque potentiellement catastrophique pour les clients si le cours du Bitcoin continuait à grimper.

Essor de la cryptomonnaie en 2017

Au cours de 2017, le marché des actifs en cryptomonnaie dans son ensemble a connu une forte hausse des prix et du volume des transactions. Une vague de nouvelles demandes de clients a déferlé sur la plateforme et les demandes de vérification de comptes se sont accumulées alors que la petite équipe de sous-traitants de Quadriga s’efforçait de suivre la demande. M. Cotten a engagé des sous-traitants supplémentaires pour faire face à l’arriéré toujours croissant de demandes de nouveaux comptes.

Le graphique suivant représente les mouvements du cours, à la fin de chaque mois, du Bitcoin (sur l’axe de gauche) par rapport aux mouvements du cours de l’Ether (sur l’axe de droite) entre 2014 et le début 2019.

Prix du BTC et de l'ETH en dollars canadiens

  • BTC en CAD
  • ETH en CAD
Graphique 3 – Cours du Bitcoin et de l’Ether, à la fin de chaque mois, en dollars canadiens
Graphique 3 – Cours du Bitcoin et de l’Ether, à la fin de chaque mois, en dollars canadiens

Tout au long de 2017, les transactions de M. Cotten sur la plateforme Quadriga étaient dominées par : (i) des achats d’ethers avec de faux dollars canadiens et de faux bitcoins que M. Cotten avait crédités sur son compte Chris Markay; et (ii) des ventes de faux bitcoins que M. Cotten avait crédités sur son compte Chris Markay en échange de vrais dollars canadiens.

À la fin décembre 2017, le Bitcoin et l’Ether étaient évalués respectivement à 18 000 et à 900 dollars (contre 1 300 et 11 dollars en décembre 2016).

À compter de décembre 2017:
  • M. Cotten avait acheté 825 000 ethers avec de faux actifs, incluant 85 millions de faux
  • 20 000 des faux bitcoins que M. Cotten avait vendus en échange d’avoirs réels restaient dus aux clients.

Note de bas de page 4

M. Cotten ne possédait pas 825 000 ethers à cette date, car il avait régulièrement déplacé de grandes quantités d’ethers de la plateforme Quadriga vers des plateformes externes. À cette époque, il avait déjà converti la plupart de ces éthers en bitcoins, en dollars américains et en dollars canadiens pour financer les retraits.

Un pépin technique entraîne une perte d’ethers (2017)

Quadriga a connu un revers en juin 2017 lorsqu’une erreur de codage a coupé l’accès à environ 10 millions de dollars en ethers (sur la base de la valeur actuelle de l’Ether) détenus dans un portefeuille contrôlé par M. Cotten. Le portefeuille demeure inaccessible aujourd’hui.

M. Cotten a crédité le compte de Chris Markay de la plus importante fausse entrée unique jamais enregistrée –un faux crédit de 100 millions de dollars.

M. Cotten a déclaré ne pas être inquiet de cette perte. Il s’est adressé ainsi à un sous-traitant de Quadriga : « Il y a quelques mois, nos revenus mensuels s’élevaient à 200 000 $ en un mois... le mois dernier, nous avons fait un million. Sur la trajectoire actuelle, nous verrons bientôt 5 [millions] de dollars et le contrat bloqué avec l’Ether est un petit projet parallèle ». Pourtant, c’est à peu près à la même époque que M. Cotten a crédité le compte de Chris Markay de la plus importante fausse entrée unique jamais enregistrée – un faux crédit de 100 millions de dollars.

M. Cotten a du mal à suivre les demandes de retrait (2017)

Il dépouillait la plateforme des actifs qui soutenaient les soldes des comptes des clients et plongeait Quadriga dans un gouffre financier sans cesse croissant.

Comme décrit précédemment, M. Cotten a acheté d’importantes positions en Ether avec de faux dollars canadiens du compte de Chris Markay. En conséquence, M. Cotten a dû trouver de vrais dollars canadiens pour satisfaire les demandes de retrait en dollars canadiens. M. Cotten a abordé cette pénurie de dollars canadiens de deux manières principales. Il a d’abord transféré des actifs en cryptomonnaie hors de la plateforme (c’est-à-dire, hors des portefeuilles contrôlés par Quadriga) vers des comptes sur d’autres plateformes sous son propre nom, puis a échangé ces actifs contre des dollars ou différents types d’actifs en cryptomonnaie, souvent à perte. Il a ainsi drainé les actifs de la plateforme Quadriga et aggravé la pénurie d’actifs. De plus, alors que le prix des actifs en cryptomonnaie augmentait au cours du second semestre de 2017, Quadriga a reçu des dépôts valant des centaines de millions de dollars canadiens de la part de nouveaux clients. M. Cotten s’est servi de ces dépôts pour financer des retraits en dollars canadiens. Bien que M. Cotten ait maintenu la plateforme à flot grâce à ces mesures, il s’agissait d’une solution à court terme. Il dépouillait la plateforme des actifs qui soutenaient les soldes des comptes des clients et plongeait Quadriga dans un gouffre financier sans cesse croissant.

Maisons avec des enseignes «vendu»

M. Cotten détourne des fonds pour un usage personnel

M. Cotten a aggravé les choses en détournant des actifs de la plateforme pour financer son mode de vie. Entre mai 2016 et janvier 2018, il a transféré environ 24 millions de dollars de fonds de clients à Mme Robertson et à lui-même, et ce, alors que le salaire de M. Cotten était établi à 65 000 dollars par an, selon son contrat de travail de janvier 2015. M. Cotten a acheté une Tesla, une Lexus, un yacht de luxe, un avion, une part dans un jet privé et de multiples propriétés. M. Cotten et Mme Robertson voyageaient fréquemment et, à la mi-2018, M. Cotten se vantait auprès d’un autre sous-traitant de Quadriga que « au total, [il s’était rendu] dans 56 pays... 37 avec Jen ». Ce train de vie opulent a été financé par les actifs des clients de Quadriga que, selon notre évaluation, M. Cotten a frauduleusement détournés.

Dans les mois qui ont précédé son décès, M. Cotten a transféré à Quadriga environ 10 millions de dollars de fonds de clients qu’il s’était précédemment appropriés et qui ont ultimement été distribués à des clients.